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« Chacun son rythme de chagrin » Roland Barthes
Cet ouvrage résulte de l’expérience singulière de José Morel Cinq-Mars, psychologue et psychanalyste, qui dans le cadre de son métier a rencontré des familles dont un enfant, encore nourrisson est décédé subitement. Ces rencontres l’ont amenée à s’interroger sur le deuil en général « ses singularités, ses métamorphoses, ses désarrois, ses violences, ses désespoirs, ses déprises aussi. »
Elle a aussi réfléchi à l’effroi provoqué par la rencontre d’un endeuillé qui « ne regagnera sa place parmi ses semblables que s’il réussit à contenir les effets de son deuil jusqu’à les rendre invisibles ». L’endeuillé se trouve donc dans un espace de contradiction. Blessé, il aurait besoin du soutien de sa communauté, mais précisément en raison de sa blessure, celle-ci le fuit. L’endeuillé devient un indésirable.
Si j’ai choisi de vous parler de ce livre - dont le titre emprunté à Philippe Ariès exprime la révolte contre une gestion normative de la mort- c’est qu’il permet de mieux comprendre ce qui se joue intimement pour celui qui perd un proche. Loin du diktat du faire son deuil (expression banalisée), tourner la page, passer à autre chose, langage qui exprime surtout le temps et les modalités que la société accorde à la douleur de la perte, l’auteur livre ici des pistes pour approcher ce qui peut sembler incompréhensible dans les processus de deuil.
Son livre n’est donc pas une littérature thérapeutique du deuil : « et s’il n’y a pas de thérapie du deuil, c’est parce que le deuil n’est pas un état morbide à soigner, c’est une expérience à traverser. On ne guérit pas d’un deuil, on se laisse transformer par lui. » Elle s’appuie sur son expérience de psychologue clinicienne et celle d’auteurs comme Jean Allouche, Philippe Forest, Roland Barthes, Laurie Laufer, Léon Wieseltier, eux-mêmes confrontés à une perte douloureuse qui dure, persiste, se transforme, ravage la vie psychique d’un individu en s’insinuant dans les méandres de l’inconscient. Comment résister à une perte qui n’est pas seulement la perte de l’autre, mais aussi celle de quelque chose de soi ? En fait, le deuil est plus proche d’un processus de cicatrisation que d’un travail de guérison « d’une part, il n’y a pas de retour à l’état antérieur – le deuil transforme durablement l’endeuillé –, d’autre part, parler de cicatrisation, c’est parler de cicatrice, autrement dit de peau fragile et fine, toujours susceptible de se redéchirer. Ceci pour dire tout de suite qu’au terme du deuil, le chagrin et le regret peuvent persister, et l’émotion subitement ressurgir. Toute sa vie on pourra sentir le manque créé par l’absence de celui qui n’est plus, et continuer d’imaginer comment serait la vie s’il était encore là. » Laisser le deuil aller son pas…
Je vous laisse lire le sommaire qui sera une invitation à en savoir un peu plus…
I. — N'ayez pas peur
II. — L'effroi de la communauté
III. — Comment le deuil s'est trouvé ensauvagé
IV. — Quand la mort
V. — L'affolante traversée d'épreuves
VI. — Survivre
VII. — Témoin de l'endeuillé