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« Soigner les malades sans soigner l’hôpital, c’est de la folie ». Jean Oury
Il n’est pas question ici de tenter de retracer une histoire de la psychothérapie institutionnelle, ni de tenter une synthèse théorique. Il s’agit juste de donner quelques repères. La psychothérapie institutionnelle n’est pas un état mais un mouvement, une capacité à se penser, à penser l’autre et l’institution dans le but de mieux soigner les malades psychiquement fragiles.
La première expérience française de psychothérapie institutionnelle (sans être alors nommée comme telle), elle, a lieu à Saint-Alban, en Lozère. En 1939, alors que la guerre civile espagnole touche à sa fin, François Tosquelles, républicain, trouve refuge en France. Jeune diplômé en psychiatrie, il rejoint l’hôpital de Saint-Alban-sur-Limagnole en Lozère. Il y est accueilli par les psychiatres "progressistes" comme Paul Balvet. La Seconde Guerre mondiale soumet les patients au rationnement alimentaire et à des conditions de vie rudes. Le psychiatre catalan cherche de nouvelles méthodes pour "humaniser" les soins donnés. Nourrir les malades est la priorité. Il décide d'envoyer les patients aux travaux des champs pour ramasser des légumes contre rétribution des fermiers. Ensuite, il demande au personnel hospitalier de travailler de pair avec les patients pour qu'ils se sentent mieux sur le plan psychique. Tosquelles entend ainsi lutter contre le gardiennage désabusé. En 1947, Jean Oury arrive comme interne à Saint-Alban, il y restera jusqu’en 1949.
L’expérience des totalitarismes et de la Seconde Guerre mondiale va entraîner une critique de la conception du soin en ce qu’elle est susceptible de révéler une désubjectivation et une déshumanisation de même nature que celles à l’œuvre dans le dispositif concentrationnaire (dispositif dans lequel se retrouvent pris les aliénés dans les asiles). Ces jeunes psychiatres humanistes, parmi lesquels le psychiatre François Tosquelles, réfugié politique catalan (condamné à mort par Franco) et Jean Oury vont insuffler un mouvement qui s’appellera psychothérapie institutionnelle en 1952. L’idée est qu’il n’est pas possible de soigner les patients si l’institution est elle-même malade : « Très vite, il leur apparaît à tous deux dérisoire de vouloir soigner les patients hospitalisés si l’institution elle-même est malade, c’est-à-dire, par exemple, si les enjeux de pouvoir qui inévitablement la partagent, prennent le pas, structurent, corsettent la relation à l’autre souffrant. Cela supposait donc, avec les outils que la phénoménologie, la psychanalyse et les études marxistes, alors florissantes, mettaient à leur disposition, de pratiquer, simultanément à un travail thérapeutique, une analyse institutionnelle permanente. »
La psychothérapie institutionnelle selon Oury c’est une psychiatrie à visage humain. La psychiatrie a pour vocation de traiter les malades mentaux. Il s’agit de transformer les établissements psychiatriques en lieux d’accueil de la souffrance psychopathologiques capables de recevoir des sujets en déshérence tout en les respectant quel que soit leur état pathologique (schizophrénie, autisme, dépressions graves, et carences affectives…)
En 1953, le psychiatre Jean Oury a demandé à l’institution où il travaille, des travaux, des transformations mais celles-ci ne lui sont pas accordés il décide alors de quitter le lieu. Il accompagnés d’une partie de l’équipe soignante part avec les malades sur la route (sauf ceux qui ne peuvent pas marcher).
Deux semaines plus tard, ils investissent le château de La Borde, à Cour-Cheverny. Tout est à inventer. Le personnel soignant manque de moyens. Il n’y a qu’une seule voiture pour assurer le transport de l’équipe, et le village le plus proche se trouve à quatre kilomètres. Des habitants des localités voisines, sans aucune qualification en psychiatrie, rejoignent l’équipe. De ces difficultés, Oury et son équipe feront un socle pour développer les principes de la psychothérapie institutionnelle : soignants et patients se réunissent en commissions pour prendre en charge l’ensemble des questions matérielles concernant le lieu de soin. Ce partage des tâches est censé avoir un impact « thérapeutique » et permettre à des personnes ravagées par la souffrance psychique de se sentir valorisées car responsabilisées, mais aussi d’apprendre ou de réapprendre la vie sociale. Il s’agit de reconnaître à chaque individu sa singularité, en construisant, au fil des rencontres, pour chaque patient, une thérapeutique sur mesure.
Progressivement, La Borde augmente sa capacité d’accueil (passant à soixante malades, puis à une centaine de lits) et acquiert une renommée internationale. Psychiatres et infirmiers se pressent pour y travailler.
Comment aider ces patients chronicisés à (re)devenir « sujets » ?Comment aider ces patients chronicisés à (re)devenir « sujets » ? Comment aider ces patients chronicisés à (re)devenir « sujets » ?
Comment puis-je accueillir la parole d’une personne qui s’est effondrée en elle-même ?
À quelles conditions créer et maintenir un lieu psychique où des personnes ravagées par la souffrance et la folie vont pouvoir venir déposer une parole ?
Ne pas savoir à la place de, ne pas faire en place de, demander de l’aide au sujet psychotique afin qu’il puisse aider de la même façon le « soignant » à se construire dans une vie quotidienne partagée.
L’importance et la nécessité d’un positionnement éthique, dont le travail des résistances et la suspension des préjugés, fait partie du soin et se construit par un questionnement qui peut se traduire par la question : « Qu’en est-il de mon désir d’être là ?
En tant que clinicien, comment trouver la bonne distance pour se tenir aux côtés de ces patients-là ?
Des patients avec des infirmiers en 1952, un an avant que Tosquelles soit nommé directeur de leur Hôpital de St Alban.
Vacances soignants / soignés
Vous pouvez écouter sur France culture une série d’émissions sur la psychothérapie institutionnelle